Il n’y a pas de mot assez fort pour exprimer cela. Tout au plus, puis-je en entasser certains comme on entasse les nombres d’une addition : dégoût, écoeurement, frustration, impuissance, sentiment d’enchaînement et d’injustice, indignation.

     Aux Chiottes la République et la Loi, aux chiottes les règles qui, bonnant-malant (et trop souvent malant), nous ont permis jusque-là d’avoir foi en une certaine idée de la Justice : une idée maîtresse, en étant le cœur, celle de l’équité. Aux chiottes donc cette équitabilité des traitements, dans l’affaire qui me fait tourner comme un lion en cage tous les jours, l’affaire Julien Coupat.

     Ce jeune homme est en prison abusivement, mis en examen en détention provisoire de façon totalement injuste et injustifiée. Selon le ministère de l’intèrieur, il serait le coupable du sabotage d’une caténaire à Tarnac (Corrèze). Pour cela, ledit ministère s’appuie sur la filature faite à l’encontre du suspect la nuit précédant l’acte de sabotage. Selon le rapport fait par les policiers chargés de cette filature, il se trouvait cette nuit là, lui et sa compagne, près de l’endroit où a eu lieu l’incident. Voilà, c’est tout ce qu’ils ont, absolument tout !!! Tout repose sur ce fait seul et unique, appuyé par une forte présomption ainsi qu’un entêtement aveugle et obstiné envers et contre toutes les évidences, de la part du ministère. Le fameux faisceau de présomptions étayé par… rien.

     Propos de Sébastien Schiffres, recueillis par Aziz Zemouri : « Sabotages : ’Sans coupables, la police en fabrique’ » [source : LeFigaro.fr, le 13 mars 2008] : « Aujourd’hui un intellectuel est en garde à vue pour ses idées. Il n’y a aucun élément matériel pour appuyer la thèse de la police. Et évidemment, quand la police ne trouve pas de coupables, elle les fabrique. En Julien Coupat elle a donc trouver un faux coupable sous prétexte qu’il a écrit dans une revue révolutionnaire. »

     Dès lors, comment ne pas considérer qu’il s’agit là d’une véritable chasse aux sorcières à l’américaine, à l’instar des politiciens des 50’s et 60’s outre-Atlantique, comme sous l’ère Hoover ? Comment ne pas s’interroger sur la tournure politique qu’a pris cette affaire dès le début, puisque Coupat et ses collègues sont en effet de gentils anarchistes ayant repris une épicerie de village et vivant vaguement en marge de la société ? Comment ne pas se demander s’il ne suffit pas aujourd’hui d’être d’extrême gauche ou anarchiste pour succomber sous le couperet du roi Sarkozy ? A quand le retour des banderoles « Kill a Coco for Jésus »(1) à la sortie des écoles ?! Vraiment, c’est à se le demander !

      Et qu’importe que la police n’ait rien de plus pour appuyer son dossier à charge, qu’il s’agisse d’aveux, de faits, ou de preuves quelconques ! Qu’importe que la loi soit purement et simplement bafouée par ceux qui sont censés la faire respecter ! Qu’importe que le juge d’instruction soit censé enquêter à la fois à charge ET à décharge dans ce pays ! Qu’importe qu’une lettre de revendication de l’acte ait été écrite par un groupe allemand quelques jours après le sabotage ! Qu’importe, qu’importe tant que ce « dangereux terroriste d’ultra gauche », comme il est appelé par les autorités dites « compétentes », est mis en geôle pour l’exemple ! On ne badine pas avec les révolutionnaires et les anar ! Mieux, on les mélange (ce qui est un détail, j’en conviens).

     Rendons-nous à l’évidence, outre le fait que le jeune homme est peut-être tout à fait innocent (c’est plus que probable), nous fonçons tête baissée et avec un acharnement rarement atteint vers un second Outreau, où un homme sera retenu plusieurs mois ou années en prison, puis finalement relaché. Rendons-nous à l’évidence, la présomption d’innocence est parti accrochée au papier rose et marron dans le tourbillon des toilettes du gouvernement Sarkozy. Ils s’en sont torchés le cul avec Edvige, et comme ça rechignait un peu, ils ont appliqué directement la présomption de culpabilité dans les faits. J’en veux pour preuve qu’aujourd’hui dans notre pays, six cent mille personnes ont connu la garde à vue. Six cent mille, c’est quand même un pourcent de la population. Faut pas déconner, arrêtez-vous deux seondes sur ce chiffre ; il veut bel et bien dire que quand vous marchez dans la rue, une personne sur cent que vous croiserez y aura fait un séjour.

 

     Je ferai ici le lien avec un autre fait récent : Amnesty International, qui est une association dont nul ne peut vraiment dire qu’il s’agisse de branleurs dans leur genre quand même, a épinglé récemment la police française dans un rapport, pour ses abus de pouvoir, mais surtout pour le très faible taux de suites judiciaires (et encore plus dérisoire taux de sanctions) effectuées à l’encontre des policiers faisant l’objet de plaintes. En gros, notre police nationale a été épinglée pour son impunité. Et pas par une association créée il y a six mois au fin fond du Mercantou et comptant trois membres, dont « Gégé la débrouille », le président. Non, on parle ici d’Amnesty International, une branche de l’ONU quoi ! Par la justice internationale, en somme !!!

     Mais au lieu de faire profil bas, de faire un communiqué annonçant qu’il y avait peut-être un petit problème en France avec la police dont on s’était pas rendu compte au ministère, et qu’on allait faire des progrès, bref un petit communiqué qui mangerait pas de pain et la mouilerait pas trop, qu’a répondu  MAM (Michelle Alliot-Marie) ?! Elle a nié ! Purement et simplement, elle nie le rapport d’Amnesty International, ne voit pas de problèmes, dit que les sanctions sont prises à l’encontre des policiers qui se croient au dessus de la loi, etc. Muarf ! Examions-les, ces chiffres du rapport : environ six cents plaintes sérieuses, graves, avec témoins, preuves, actes, etc (pas des divagations ou je ne sais quoi). Environ une centaine de sanctions prises seulement (donc clairement la justice dit : « oui cinq policiers sur six ont abusé de leur pouvoir et outrepassé la loi mais nous ne ferons rien contre eux car ils sont policiers, et que vous les citoyens normaux, on va vous faire faire dans votre froc chaque fois que vous en croiserez »). Et enfin la cerise sur le gâteau : parmi cette centaine de sanctions, seulement 8 sont des radiations du métier.

 

     Alors moi je veux bien qu’il y ait de la violence en France, et je veux bien même quelle augmente, admettons. M’enfin si les policiers sont juste PAS APTES à faire leur job (je ne nie pas leur utilité), faudrait peut-être revoir quelque chose quoi. Après on se demande aussi pourquoi y’a de plus en plus de plaintes pour des violences sur des personnes. J’ai peut-être une explication à proposer : c’est une partie des policiers qui fait augmenter ce nombre de plaintes.

A bon entendeur, Bisou crachoteux MAM ;D.

 

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(1) « Kill a Coco for Jésus » : Tuez un Communsite pour Jésus. Slogan inscrit sur des banderoles qu’on faisait porter à des enfants à la sortie des écoles primaires durant la période susmentionnée.

 

[P.S : je suis pas franchement un révolté qui descend dans la rue tous les deux mois, mais si quelqu’un est engagé pour la cause Coupat et que je peux me rendre utile, pensez à moi]