Mercredi 13 mai 2009 à 15:42
Huhu, j'aime bien me moquer des faux rebelles, des tokyoïstes-hotellos, des gens qui donnent de l'argent à des assoç une fois l'an pour se déculpabiliser de vivre dans l'opulence (même relative) de notre mode de vie occidental, des fumeurs de marie-jeanne, et des anarcho-gaucho-punkardo-coco-ultragauchiste, des bobos, des petits rastas piercés-tatoués-dreadlocksés-sarouelés. J'avoue j'aime bien casser du sucre sur leur dos, me dire et gueuler qu'ils font semblant ou qu'en tout cas ils gesticulent dans le vent, qu'ils donnent des coup d'épées dans l'eau pour endiguer le flux d'un Missisipi conservateur ultra-libéral et n'admettant pas d'autre mode de vie que celui de l'hyperconsommation. J'ai presque plus de respect pour ceux qui sont de l'autre côté parfois, ceux du côté des pantins et des marionettistes qui jonglent avec les milliards comme je jongle avec trois malheureuses balles de tennis. Presque. Parfois.
Mais bon au fond j'en suis, de ces faux rebelles à la con qui lèvent un doigt d'honneur au milieu d'autres doigts d'honneur à l'occase, dans la foule des rares concerts auxquels il m'a été donné d'assister, bien noyé au milieu des autres et ne risquant rien. Bien sage en réalité, maugréant et râlant, grommelant et gromeugneugnant au fond de son canapé, à s'offusquer seul de la misère du monde en se sentant impuissant, en se demandant à quoi servirait d'envoyait un euro au sidaction, à quoi ça sert de payer une dose de trithérapie à un sud-africain au fond, si d'autre part mes impôts servent à payer un mur en Espagne pour l'empêcher lui et ses potes de venir chez nous, en Europe. Tellement l'impression que ça servirait à rien d'aller jouer les boy-scouts et bons samaritains au sein d'une ONG, tellement l'impression qu'elles servent à rien au fond, qu'elles ne font que réparer les rayures sur la carrosserie d'une voiture multi-décennale qui aurait effectué huit tonneaux à 180km/h pour s'arrêter contre un platane (et qu'évidemment ce serait le platane qui aurait gagné).
Ils servent à rien mes petits coups de gueule, je le sais bien, enfin ils font pas changer le monde, même ajoutés aux autres coups de gueule des autres gens. Mais à moi ils me servent, ils me permettent d'exprimer et de mettre des mots sur ce qui me fait chier. Matérialiser ses pensées par les mots, c'est mieux les comprendre. Ca me fait du bien de me dire que j'aime pas les gens qui font semblant d'être révoltés, ça me fait du bien de cracher sur eux, de casser du sucre sur leur dos, ça me permet de savoir ce que j'aime pas, et que je n'y peux rien. Mais laissez moi maugréer tout seul, tant que je ne tue personne, puisque ça me permet de me définir autant que de gueuler ma joie et mes coups d'excentricité.