Ca fait deux ou trois ans que j'ai cette impression qui me colle à la peau, tellement que c'en est devenu le leïtmotiv de ma vie. L'impression que je n'ai plus de temps à perdre, que je n'en est pas assez surtout, comme si j'étais un quinquagénaire qui vient de se rendre compte qu'il est maintenant plus proche de l'heure de sa mort que de celle de sa naissance. Plus que cinquante-cinq à soixante ans à vivre, merde... s'que ça passe vite ! Le but de la vie selon moi ? Il n'y en a pas. La vie n'a aucune raison d'être, elle n'engendre qu'elle-même et ne sert à rien. Comme tout ce qui existe. Mais bon, parti de ce constat "à quoi sert la vie ?" = "Que faire de ma vie?". Ma réponse c'est que j'ai un seul objectif à me fixer : pouvoir arriver vers la fin en faisant un bilan en me retournant sur ce que j'aurais fait et été, sur ce que ma vie aura été, et pouvoir me dire que dans l'ensemble c'était pas trop mal à quelques regrets près. Pouvoir me dire que finalement ça aura été plutôt bon. C'est simple mais en même temps d'une grande ambition je pense.
Et là qu'ai-je fait pour l'instant, en vingt trois ans ? [...] Une ou deux fiertés personnelles, qui ne parleront pas à grand monde et sans grand intérêt pour le commun des mortels, et que j'oublie d'ailleurs assez rapidement vu qu'elles ne m'apportent pas particulièrement une grande estime de moi-même dans la durée, tout juste une petite satisfaction sur l'instant, quelque chose d'à peine plus tenace qu'un goût de sucré sur la langue qui s'évapore en deux minutes.
Et donc je me sens opressé par cette idée que je n'ai pas le temps, plus le temps, que je voudrais faire tout ce que j'ai à faire (pas énormément de choses sur ma liste en fait) très vite. Lire tous les bouquins du monde : haem, délicate mission, on fera ce qu'on pourra. Vivre avec la fille de mes rêves : haem, je brûle les étapes, m'enflamme, lui fais peur. Mon envie de faire vite donne envie à mon autre de freiner. Ce qui fait que j'ai encore plus l'impression de manquer de temps. J'ai plus le temps d'en perdre à me tromper moi ! Si je fais des erreurs il faut qu'elles arrivent vite, que je puisse en tirer les conséquences rapidement et passer à autre chose ! Pas le temps de me dire "et si..?". Je veux vivre maintenant, j'ai été trop sage jusqu'à présent, je me sens imprimé d'une date de péremption dans la nuque. Si j'active pas la cadence je vais mourrir demain et je ne m'en serai pas rendu compte : "Déjà 81ans ? C'est passé vite ! Où est-elle ? Qu'est-ce que j'ai fait de ce que j'aimais ? Qu'ai-je réalisé d'important à ùes yeux ?".
En même temps je suis le roi de l'immobilisme. Quand on a été le trouillard de service et l'omniprudent par excellent il est difficile de changer. Petit à petit on y arrive, sous la forme de défis qu'on se fixe, qu'on met des jours à réaliser ou parfois des années. Tellement peur de pas faire assez de choses que j'en suis submergé et n'en commence aucune. Ou pas bien. L'immobilisme c'est nul (<= phrase super, je sais :/). Mais quand on a l'inconscient qui vous dit "ne fais pas un pas en avant c'est trois cents mètres de vide !!!", et qu'on constate effectivement qu'il y a trois cents mètre de vide, il est délicat de se dire que de toute façon si on meurt pas en prenant son pied avec un base-jump, on crèvera de faim. La nature m'a ainsi fait que je doive attendre la fin assis au bord de la falaise. Et ça fait vingt trois ans que je vois des tas de gens faire du base-jump et ils ont l'air plus heureux que moi quand même ! Du coup quand il m'arrive d'en faire, ben j'écarte pas les bras, je plonge la tête en avant et les mains groupées en position de pointe, pour aller à fond les ballons. Je brûle les étapes dans une sorte d'euphorie sans penser aux éventuels dommages collatéraux. 'fin bref, c'est parce que je suis par nature l'opposé d'un fonceur que je suis une tête brûlée parfois.
Et là qu'ai-je fait pour l'instant, en vingt trois ans ? [...] Une ou deux fiertés personnelles, qui ne parleront pas à grand monde et sans grand intérêt pour le commun des mortels, et que j'oublie d'ailleurs assez rapidement vu qu'elles ne m'apportent pas particulièrement une grande estime de moi-même dans la durée, tout juste une petite satisfaction sur l'instant, quelque chose d'à peine plus tenace qu'un goût de sucré sur la langue qui s'évapore en deux minutes.
Et donc je me sens opressé par cette idée que je n'ai pas le temps, plus le temps, que je voudrais faire tout ce que j'ai à faire (pas énormément de choses sur ma liste en fait) très vite. Lire tous les bouquins du monde : haem, délicate mission, on fera ce qu'on pourra. Vivre avec la fille de mes rêves : haem, je brûle les étapes, m'enflamme, lui fais peur. Mon envie de faire vite donne envie à mon autre de freiner. Ce qui fait que j'ai encore plus l'impression de manquer de temps. J'ai plus le temps d'en perdre à me tromper moi ! Si je fais des erreurs il faut qu'elles arrivent vite, que je puisse en tirer les conséquences rapidement et passer à autre chose ! Pas le temps de me dire "et si..?". Je veux vivre maintenant, j'ai été trop sage jusqu'à présent, je me sens imprimé d'une date de péremption dans la nuque. Si j'active pas la cadence je vais mourrir demain et je ne m'en serai pas rendu compte : "Déjà 81ans ? C'est passé vite ! Où est-elle ? Qu'est-ce que j'ai fait de ce que j'aimais ? Qu'ai-je réalisé d'important à ùes yeux ?".
En même temps je suis le roi de l'immobilisme. Quand on a été le trouillard de service et l'omniprudent par excellent il est difficile de changer. Petit à petit on y arrive, sous la forme de défis qu'on se fixe, qu'on met des jours à réaliser ou parfois des années. Tellement peur de pas faire assez de choses que j'en suis submergé et n'en commence aucune. Ou pas bien. L'immobilisme c'est nul (<= phrase super, je sais :/). Mais quand on a l'inconscient qui vous dit "ne fais pas un pas en avant c'est trois cents mètres de vide !!!", et qu'on constate effectivement qu'il y a trois cents mètre de vide, il est délicat de se dire que de toute façon si on meurt pas en prenant son pied avec un base-jump, on crèvera de faim. La nature m'a ainsi fait que je doive attendre la fin assis au bord de la falaise. Et ça fait vingt trois ans que je vois des tas de gens faire du base-jump et ils ont l'air plus heureux que moi quand même ! Du coup quand il m'arrive d'en faire, ben j'écarte pas les bras, je plonge la tête en avant et les mains groupées en position de pointe, pour aller à fond les ballons. Je brûle les étapes dans une sorte d'euphorie sans penser aux éventuels dommages collatéraux. 'fin bref, c'est parce que je suis par nature l'opposé d'un fonceur que je suis une tête brûlée parfois.